Pourquoi se compare-t-on sans cesse et comment en sortir ?
Quand la comparaison devient un piège pour l’estime de soi
Tu as déjà vécu ça ? Tu scrolles tranquillement sur les réseaux sociaux quand soudain tu tombes sur le profil de cette personne qui semble tout avoir – une carrière de rêve, un corps de rêve, une routine impeccable, une relation de couple parfaite. Tu te mets à stalker de manière frénétique en même temps qu'une petite voix surgit : “Pourquoi je n’en fais jamais pas assez ? Je suis nulle. Si seulement ma vie lui ressemblait”
Bienvenue dans le cercle vicieux de la comparaison. Se comparer peut te sembler banal, pourtant ce comportement peut agir comme un poison insidieux pour l’estime de soi.
Si tu as tendance à beaucoup te comparer aux autres, pas de panique : c’est humain. Mais comprendre les mécanismes de la comparaison, et apprendre à s’en détacher peut vraiment t’aider à retrouver confiance et sérénité.
C'est le sujet de notre article du jour.
Pourquoi se compare-t-on ?
Pourquoi la comparaison fait partie de nous ?
À une époque, l'appartenance à un groupe était essentielle à la survie. Pour être accepté·e, il fallait s'adapter, observer les autres et éviter de trop se démarquer. La comparaison sociale servait probablement alors à maintenir sa place au sein du groupe.
Aujourd'hui encore, se montrer trop différent·e peut exposer à l'exclusion. En tant qu'êtres sociaux, nous avons besoin des autres pour vivre, nous développer et survivre. La comparaison semble donc naturelle. Cependant, elle est aussi largement conditionnée et renforcée par notre environnement.
À l'école, nous sommes noté·e·s, comparé·e·s, classé·e·s. Dans la publicité, les magazines et sur les réseaux sociaux, des normes idéalisées sont omniprésentes : des corps parfaits, des vies de couples idéales, des maisons impeccables, des repas équilibrés et une vie toujours en ordre.
Les standards de la société biaisent nos perceptions, en nous poussant à croire qu’on n’est jamais “assez”
- “Je ne suis pas assez : belle, compétent.e, intelligent.e, patient.e…”
- “Je devrais être meilleur.e : ami.e, mère, partenaire, professionnel.le…”
- “Il faut que j'obtienne ça : le corps, la maison, la famille, la vie de rêve”
Une pression amplifiée pour les femmes
Soyons clair.es : la société est encore plus exigeante avec les femmes. On attend d'elles qu'elles soient sur tous les fronts : famille, couple, apparence, vie sociale...
Une pression constante qui ne fait qu’intensifier la comparaison.
Pourquoi la comparaison peut-elle devenir toxique ?
Tu compares l’incomparable
Se comparer, c’est un peu comme utiliser l’autre comme instrument de mesure. Sauf que souvent, tu compares l’incomparable :
- Ton "chapitre 1" face au "chapitre 100" de quelqu’un.e d’autre
- Tes faiblesses face aux forces des autres, sans voir leurs propres vulnérabilités, luttes ou encore leurs privilèges
Cette habitude nourrit des émotions comme l’envie, la jalousie, la honte et un sentiment de manque constant qui peut te pousser à être plus, en faire plus, acheter plus.
Tu détournes ton attention
Tu portes davantage ton attention sur l’autre que sur toi, quitte à perdre de vue tes propres priorités, besoins et valeurs. Tu te détournes de ce qui est réellement important pour toi et tu passes plus de temps à observer les autres qu’à passer à l’action ou suivre ta propre voie. Nous comparer sans cesse, nous pousse rarement à cultiver notre propre différence.
Tu cherches une satisfaction superficielle dans la comparaison “vers le bas”
Je mets les pieds dans le plat : avouons qu’il y a aussi tous ces moments où nous nous comparons à des personnes qu’on considère “moins bien que soi”.
Mais s’efforçant d'être honnête, que cherche-t-on ? À se rassurer en pensant qu'il y a "pire que nous"? Cela nous donne vaguement une illusion de confiance en soi mais cette satisfaction est superficielle : notre vraie valeur, ne peut seulement dépendre des autres.
Comment sortir du cercle vicieux de la comparaison ?
Voici quelques pistes de réflexion pour limier la comparaison excessive et d’utiliser ce comportement de manière plus constructive.
1. Identifie tes déclencheurs
Commence par observer :
Quand te compares-tu ? Sur les réseaux sociaux ? Au travail ? En famille ? |
À qui te compares-tu ? Une influenceuse, une collègue, une amie, un membre de ta famille considéré comme ayant réussi ? | Sur quoi portes-tu ton attention ? Ton apparence, tes (in)compétences, tes relations, tes valeurs ? |
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Une fois ces éléments, demande-toi : “Est-ce que ça ME convient ? Est-ce que ça me rendrait heureuse, MOI ?”
2. Remets les standards sociaux en question
Les normes imposées ne sont pas universelles : elles sont souvent conçues pour maintenir des attentes irréalistes et des systèmes de domination. Alors rappelle-toi que tu as le droit d’être toi-même :
- De suivre ta propre voie, même si elle va à contre-courant.
- De surprendre, de décevoir, ou de déconcerter les autres.
- De décider que toi seule fixes tes priorités.
3. Recentre-toi sur toi
Et si tu te comparais plutôt avec toi-même ? Pas pour chercher “la meilleure version de toi-même" à tout prix, mais pour cultiver l’acceptation de soi.
Regarde la personne que tu étais il y a cinq ou dix ans. Qu’as-tu appris depuis ? Qu’as-tu surmonté ? Quels objectifs as-tu atteints ?
- Fais une liste de tes forces et de tes qualités uniques.
- Note tes succès récents, même ceux qui te semblent les plus anodins.
- Pratique l’auto-compassion : sois indulgente avec toi-même.
Prends le temps de (re)découvrir seul.e ou lors d’un accompagnement, tes forces, tes valeurs et tout ce qui fait ton unicité.
4. Transforme la comparaison en inspiration
Et si, au lieu d’envier quelqu’un.e, tu essayais de t’en inspirer ?
- Qu’admires-tu chez cette personne ?
- En quoi développer ces fameuses qualités, compétences ou comportements nourrirait tes valeurs ?
- Comment peux-tu incarner ces qualités ou comportements dans ta propre vie, sans te dévaloriser et en restant toi-même ?
Fais des autres des modèles sains qui te motivent à progresser, pas des compétiteur·rices.
5. Nettoie ton environnement numérique
Défi : Et si on faisait du ménage dans notre environnement numérique ?
Sur les réseaux sociaux, élimine les comptes qui te génèrent de l’anxiété ou suscite trop la comparaison malsaine et garde ceux qui te font du bien et t’inspirent.
Et si on changeait les règles du jeu ?
Dans une société qui encourage la compétition et les jugements, il est temps de réinventer nos rapports aux autres et à nous-mêmes.
Cela passe par la sororité, le soutien, et une célébration collective de nos victoires. Tes différences peuvent être des forces et en apprenant à valoriser celles des autres, tu seras plus apte à reconnaître les tiennes.
Ta valeur ne dépend pas des autres. Tu vaux par défaut.
Oui, le défi est d’apprendre à moins ou mieux se comparer... Mais aussi d’apprendre à s’aimer et s’affirmer telle que tu es aujourd'hui.